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La Cour internationale de justice rejette la plainte du Soudan contre les Émirats arabes unis pour ingérence présumée au Darfour


La Cour internationale de justice (CIJ) a déclaré ce lundi 5 mai 2025 qu'elle rejetait la plainte du Soudan accusant les Émirats arabes unis de complicité de génocide, se déclarant "manifestement incompétente" pour statuer sur cette affaire.


Sur le fond, Khartoum accuse les Forces de soutien rapide (FSR) de commettre un génocide contre la communauté massalit au Darfour, et par ricochet les Émirats arabes unis de complicité de génocide en raison du soutien présumé qu'ils apportent aux forces du général Hemedti, ce qui avait conduit le camp du général Al-Burhan à attaquer Abou Dhabi devant la CIJ en mars dernier. Mais sur cette question, cette dernière ne se prononcera donc pas. 


La CIJ : « À la lumière de la réserve émise par les Émirats arabes unis... la Cour est manifestement incompétente pour juger la demande du Soudan... profondément préoccupée par la tragédie humaine qui se déroule au Soudan et qui constitue la toile de fond du présent différend ... Le conflit violent a un effet dévastateur, entraînant des pertes en vies humaines et des souffrances indicibles, en particulier dans le Darfour occidental »


Muawia Osman, le ministre de la justice intérimaire soudanais : « Le soutien direct, logistique et autre, que les Emirats arabes unis ont apporté et continuent d’apporter aux forces de sécurité a été et continue d’être le principal moteur du génocide en cours, qui se traduit notamment par des meurtres, des viols, des déplacements forcés et des pillages ... Les Émirats arabes unis doivent réparer intégralement le préjudice causé par leurs actes internationalement illicites, notamment en indemnisant les victimes de la guerre »


Reem Ketait, vice-ministre adjointe des affaires politiques au ministère des affaires étrangères des Émirats arabes unis : « La décision de la Cour est une affirmation claire et décisive indiquant que cette affaire était sans fondement ... Le fait que la cour se soit déclarée incompétente confirme que cette requête n’aurait jamais dû être intentée »


Pour comprendre cette décision, il convient de remonter à la ratification par Abou Dhabi de la Convention sur la prévention et la répression du génocide, en novembre 2005. Ces derniers avaient alors émis une "réserve" (pratique classique lorsqu’un État décide d’adhérer à un traité) à l'égard d'une clause figurant dans le document, indiquant qu’en cas de différents avec un autre pays, ils refusaient d’avance la compétence de la CIJ. Lors d’audiences en avril, le ministre de la justice intérimaire soudanais, Muawia Osman, avait affirmé que le "soutien" présumé des Emirats aux milices constituait "le principal moteur du génocide". De leur côté, les Émirats arabes unis ont catégoriquement nié les accusations, qualifiées de " fabriquées " lors des audiences d’avril. Leurs représentants ont accusé le Soudan d’instrumentaliser la justice internationale à des fins politiques.


La guerre qui oppose depuis avril 2023 l’armée régulière, dirigée par Abdel Fattah Abdelrahman Al-Bourhane, aux FSR, avec à leur tête son ancien adjoint, Mohammed Hamdan Daglo, a fait des dizaines de milliers de morts au Soudan, déraciné 13 millions de personnes et plongé certaines régions dans la famine, provoquant "l’une des pires catastrophes humanitaires " au monde, selon l’ONU.


PHOTO : Vue de l'intérieur de la Cour internationale de justice, le 24 mai 2024. Nick Gammon/AFP

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