
Mardi 15 octobre 2024, au terme de deux jours de procès à Laval, la cour d’assises de la Mayenne a reconnu coupable de tentative d’assassinat la femme qui avait poignardé la maîtresse de son compagnon, en 2022, à La Gravelle.
L'accusée était jugée pour avoir, le 16 juin 2022, poignardé à six reprises la maîtresse de son compagnon, au domicile de la victime, à La Gravelle, commune proche de la frontière avec l'Ille-et-Vilaine. Ce jour-là, la discussion avait dégénéré suite à la découverte d'un texto de son conjoint sur le téléphone de l'amante. En trente secondes, elle lui a asséné coups de pied, menaces de mort et six coups de couteau dans le dos, avant de quitter les lieux et de se débarrasser de l’arme. La victime a eu la vie sauve grâce à l’intervention rapide des secours, alertés par un voisin. L’enregistrement audio de l’agression, glaçant, a été diffusé à l’audience hier. C’est l’accusée qui avait lancé le dictaphone de son portable pour conserver les aveux de sa rivale.
Son avocate, Me Aurélie Grandserre, abonde : « Si elle avait voulu donner la mort, elle n’aurait pas visé le dos …Elle savait où frapper pour tuer. »
L’avocate générale : « Peut-être que la victime était plus résistante que ce qu’elle pensait. C’est pour ça qu’elle a renoncé. Elle ne l’assume pas car elle a échoué dans son projet criminel. »
L’accusée : « Je ne réfléchis pas avant de faire des actes ou dire des choses, un peu comme une enfant. … J’aimerais sortir de prison avant la mort de ma mère. J’aimerais voir mes enfants grandir (ils ont 12 et 16 ans, N.D.L.R.). Rien n’est perdu, on a le droit à une deuxième chance … Il y a eu tout un tas d’événements qui ont fait que mon énervement a augmenté. »
Les jurés et les juges n'ont pas été sensibles à ces arguments. Les menaces de mort, entendues à neuf reprises dans l'enregistrement, ainsi que les six coups de couteau portés dans le dos de la victime, et donc à proximité d'organes vitaux tels que les poumons, les ont convaincus de l'intention de l'accusée de vouloir porter atteinte à la vie de la victime. La préméditation a, elle aussi, été retenue, compte tenu de l'attitude de l'accusée avant l'agression : cette dernière s'est rendue au domicile de la victime avec un couteau dans sa poche, avait manifesté un fort ressentiment à l'égard de la victime durant les jours précédents, et a changé plusieurs fois de tenues le jour des faits, avant de mettre à laver les vêtements tâchés de sang qu'elle portait ce jour-là.
Après quatre heures de délibérations, la cour a reconnu son agresseuse, Delphine Personne, coupable de tentative d’assassinat, retenant notamment "l’intensité des violences commises" et sa "détermination froide et constante". Elle l’a condamnée à vingt ans de réclusion criminelle et quinze ans d’interdiction de détenir ou porter une arme. Âgée de 47 ans, la mère de famille a déjà passé deux ans et quatre mois en détention provisoire. Elle a fait part de son intention de faire appel de la décision. À l'annonce du verdict, l'accusée avait retrouvé un visage sans expression.
PHOTO : Ce mardi 15 octobre 2024 marquait le second jour du procès d’assises de la quadragénaire poursuivie pour tentative d’assassinat sur sa rivale. | OUEST-FRANCE
Comments