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Suicide d'une détenue à la maison d'arrêt de Fresnes : le chef de détention condamné à deux ans de prison


Ce vendredi 15 novembre 2024, le tribunal correctionnel de Créteil a condamné un ancien chef de détention à la maison d'arrêt pour femmes de Fresnes après le suicide d'une détenue.


Karima Takhedmit avait 22 ans lorsqu'elle a mis fin à ses jours en octobre 2020, alors qu'elle était incarcérée à la maison d'arrêt des femmes de Fresnes. En septembre dernier, le parquet de Créteil (Val-de-Marne) a requis 10 mois de prison avec sursis à l'encontre du chef de la détention de Fresnes de l'époque, jugé pour non-assistance à personne en danger. Le parquet a estimé que cet officier expérimenté, âgé de 54 ans, n'avait pas pris les mesures nécessaires pour protéger la détenue. A l'époque Karima Takhedmit avait été placée en quartier disciplinaire pour avoir donné un coup de pied à l'officier en question.


Me Jean Deconinck, qui représentait la grand-mère et la tante de Karima : « Leur combat pour faire reconnaître l’inaction coupable du chef de détention n’aura pas été vain … Elles espèrent que la condamnation aura pour vertu de sensibiliser tous les acteurs de la chaîne répressive sur le risque suicidaire en détention, et peut-être empêcher que la détresse d’autres personnes soit ignorée comme l’a été celle de Karima »


L'enquête a révélé que la jeune femme a montré d'importants signes de détresse avant de s'ôter la vie. Cessant de s'alimenter, elle a demandé de l'aide aux surveillants, en pleurs. Elle craignait notamment que l'incident avec le chef de la détention ne la prive de son régime de semi-liberté. Les agents avaient alors prévenu leur supérieure qui a elle-même alerté le chef de la détention, à trois reprises. L'homme est resté sans réaction et Karima Takhedmit a été retrouvée pendue dans sa cellule. Il avait la possibilité de mettre en place le passage d'un agent toutes les demi-heures devant la cellule, au lieu de toutes les deux heures. Mais il ne l'a pas fait. Lors de l’audience s’étant tenue fin septembre, le prévenu avait réfuté toute négligence de sa part. Selon lui, il n’aurait pas eu d’alerte sur les tendances suicidaires de la jeune femme. Xavier P. avait aussi maintenu que la directrice de l’établissement était au courant de l’état psychologique de Karima et n’avait rien fait non plus. Le parquet avait requis une peine de 10 mois de prison à son encontre.


Pour la famille de la victime, la condamnation est un soulagement.


PHOTO : Karima Takhedmit avait été placée en quartier disciplinaire pour avoir donné un coup de pied au prévenu, qui était chef de la détention à l'époque. [JOEL SAGET / AFP]

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