Le ministre de l'Économie, Antoine Armand, ne s'interdit pas de bloquer la cession de la filiale de Sanofi produisant le Doliprane au fonds d'investissement américain CD&R s'il n'est pas garanti que le médicament soit toujours fabriqué en France.
L'annonce du passage du médicament le plus vendu en France sous pavillon américain a suscité une bronca chez les politiques de tous bords, dont certains ont exhorté le gouvernement à bloquer cette opération, au nom de la souveraineté sanitaire française. Le gouvernement est convaincu d'obtenir des engagements de maintien en France de sites industriels de la filiale de produits grands publics de Sanofi, qui produit le Doliprane, et que le groupe français veut céder à un fonds d'investissement américain, mais ne s'interdit pas de bloquer la transaction.
Antoine Armand, le ministre de l'Économie : « Mon engagement est que le Doliprane continue à être produit en France, par des salariés en France et nous devrons demander des garanties extrêmement fortes … nous demanderons des garanties extrêmement fortes de nature à rassurer sur le moyen terme à la fois les salariés et les Français (...) et si ce n'est pas le cas, rien ne me paraîtra interdit au premier abord »
Sanofi a annoncé vendredi négocier avec le fonds d'investissement américain CD&R pour lui céder le contrôle de sa filiale de produits en vente libre Opella, qui produit notamment le Doliprane. Cette scission soulève des préoccupations en France concernant l'avenir du Doliprane, fabriqué à Lisieux (ouest) et Compiègne (nord) et sur des risques de délocalisation. Selon le journal Les Echos, le potentiel repreneur américain a offert plus de 15 milliards d'euros pour Opella, qui se revendique numéro trois mondial des médicaments sans ordonnance, vitamines, minéraux et compléments alimentaires. Ce projet de séparation avait été annoncé il y a presque un an pour permettre à Sanofi d'accélérer dans l'innovation et se positionner en champion de l'immunologie et à Opella de se concentrer sur son domaine, considéré plus proche d'une logique de consommation que de la pharmacie. Opella a beau avoir des racines françaises et le Doliprane être sa deuxième marque en termes de revenus, la France ne représente qu'environ 10% des ventes de cette entité qui a réalisé 5,2 milliards d'euros de chiffre d'affaires en 2023.
Bercy a annoncé dimanche soir que le ministre de l'Economie Antoine Armand et Marc Ferracci se rendraient lundi matin à Lisieux (Calvados), où se trouve l'un de ces sites, qui fabrique le Doliprane. Les ministres prévoient sur place des échanges avec les organisations syndicales et une visite de l'usine, selon le communiqué du ministère.
PHOTO : Le Doliprane, médicament le plus vendu en France, est sur le point de passer sous pavillon américain. (Crédits : Benoit Tessier)
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