L'autopsie du blogueur kényan Albert Ojwang révèle des marques de torture et contredit la version de la police
- MD SHOW
- il y a 6 jours
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La mort d’Albert Ojwang continue de provoquer une vive émotion sur les réseaux sociaux, relançant les appels à des manifestations pour réclamer des comptes au gouvernement.
Albert Ojwang, un jeune homme d’une vingtaine d’années, a été arrêté le samedi 7 juin dans le comté d’Homa Bay, dans l’ouest du Kenya, pour avoir publié un message sur X qui aurait insulté un officier de police. Il a ensuite été conduit à Nairobi, où il a passé la nuit en détention. Selon la version des événements donnée par la police, Albert Ojwang se serait cogné la tête contre le mur et aurait été retrouvé inconscient dans sa cellule lors d’une inspection. Il a ensuite été transporté à l’hôpital, où il a été déclaré mort à son arrivée. Cependant, cette version des faits contredit les résultats de l’autopsie réalisée le mardi 10 juin, qui révèlent qu’Ojwang a été étranglé et torturé lors de sa garde à vue. L’autopsie a également révélé des signes de lutte.
Bernard Midia, un des cinq médecins pathologistes ayant mené l’examen médical : « La cause du décès est très claire : il y a un traumatisme crânien et une compression du cou. Nous avons aussi noté des blessures réparties sur tout le corps, ce qui laisse penser à une agression. Ce sont des blessures infligées par une force externe … Si la tête avait été cognée contre le mur, il y aurait des signes distincts, comme une hémorragie frontale. Mais les saignements que nous avons notés sur le cuir chevelu étaient plus étendus, sur le visage ainsi que sur les côtés et l’arrière de la tête. Quand on compile ça avec le reste des blessures sur l’ensemble du corps, il y a peu de chances que ce soit des blessures auto-infligées. »
Ndungi Githuku, un manifestant : « La police prétend qu'Albert Ojwang se serait suicidé pendant sa garde à vue, mais les membres de la famille affirment qu'ils ont vu le corps, l'avocat a également dit qu'il avait vu le corps, et qu'il y avait plus d'une blessure sur son visage, sur ses mains et sur son corps, alors comment aurait-il pu s’infliger tout seul de telles blessures ? … Ce gouvernement nous incite en fait à redescendre dans la rue. Ils nous font savoir qu'ils ne se sont pas repentis, qu'ils continueront à tuer des jeunes, qu'ils continueront à nous enlever et à nous assassiner. Alors, nous leur disons qu'il vaut mieux crier et mourir en criant que de se taire et d'être enlevés de chez soi en restant silencieux", témoigne
Faith Odhiambo, la présidente de l'Association kényane des représentants du droit : « Les résultats de l’autopsie confirme ce que nous suspections après avoir vu le corps : Albert Ojwang a été torturé et tué avec brutalité lors de sa détention. Ils ont essayé de nous faire avaler une histoire mensongère en affirmant qu’il s’était tué en se cognant la tête : nous voulons que tous les officiers de police impliqués soient tenus pour responsables ! ».
Depuis l’annonce des résultats de l’autopsie, la colère monte sur les réseaux sociaux. Les Kényans réclament justice et exigent la démission d’Eliud Lagat, le numéro 2 de la police, accusé d’être à l’origine de la plainte ayant conduit à l’arrestation d’Albert Ojwang. Depuis lundi, la police kényane tente de disperser des militants venus protester devant le poste de police central de Nairobi, suite au décès du blogueur kenyan Albert Ojwang, retrouvé mort après avoir été placé en garde à vue dimanche. Tenant des pancartes et scandant "Arrêtez de nous tuer", une foule a protesté devant la morgue de Nairobi City, où le corps de M. Ojwang est gardé.
L’Autorité indépendante de surveillance policière a ouvert une enquête, tandis que les agents impliqués ont été suspendus.Cet incident survient près d’un an après que plusieurs militants et manifestants ont été tués ou enlevés par la police kenyane lors des manifestations contre le projet de loi des finances en 2024.
PHOTO : ANDALOU VIA GETTY IMAGES
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