À l’occasion de la Conférence annuelle des ambassadeurs, le président de la République a évoqué les dossiers mondiaux, les guerres comme les questions économiques.
Alors qu’il évoquait ses priorités de politique étrangère pour les mois à venir, le chef de l’État a estimé que la France a eu "raison" d’intervenir en Afrique "contre le terrorisme depuis 2013" et que ses homologues africains ont "oublié de nous dire merci".
Emmanuel Macron, le président français : « Non, la France n'est pas en recul en Afrique. Elle est simplement lucide, elle se réorganise. On a choisi de bouger, parce qu'il fallait bouger. Nous avions une relation sécuritaire. Elle était de deux natures, en vérité : il y a une partie, c'était notre engagement contre le terrorisme depuis 2013. On avait raison. Je crois qu'on a oublié de nous dire "merci". Ce n’est pas grave, ça viendra avec le temps. L'ingratitude, je suis bien placé pour le savoir, c'est une maladie non transmissible à l'homme. Mais je le dis pour tous les gouvernants africains qui n'ont pas eu le courage vis-à-vis de leurs opinions publiques de le porter : aucun d'entre eux ne serait aujourd'hui à la tête d'un pays souverain si l'armée française ne s'était pas déployée dans cette région ... On est parti, parce qu'il y a des coups d'État, parce qu'on était là à la demande d'États souverains. À partir du moment où il y a eu des coups d'État, où les gens ont dit "notre priorité, ce n’est plus la lutte contre le terrorisme", la France n'y avait plus sa place. Et ensuite, on a décidé - ça, c'est le deuxième volet - de réorganiser notre présence militaire. Et donc, nous avons proposé aux chefs d'État africains de réorganiser notre présence. Comme on est très poli, on leur a laissé la primauté de l'annonce. Mais ne vous y trompez pas : parfois, il a fallu les pousser. Mais, ce n’est pas parce qu'on est poli, correct, et qu'on se réorganise nous-mêmes, qu'il faudrait que ce soit retourné contre nous en disant : "Ils sont chassés d'Afrique... Je peux vous dire que dans bien de ces pays, on ne voulait pas enlever l'armée française ou même la réorganiser. Mais on l'a assumé ensemble. C'est ça, le partenariat. »
Ousmane Sonko, le Premier ministre sénégalais : « Je tiens à dire que, dans le cas du Sénégal, cette affirmation est totalement erronée. Aucune discussion ou négociation n’a eu lieu à ce jour et la décision prise par le Sénégal découle de sa seule volonté , en tant que pays libre, indépendant et souverain... La France n'a ni la capacité ni la légitimité pour assurer à l'Afrique sa sécurité et sa souveraineté. Bien au contraire, elle a souvent contribué à déstabiliser certains pays africains comme la Libye avec des conséquences désastreuses notées sur la stabilité et la sécurité du Sahel »
Abderaman Koulamallah, Le chef de la diplomatie tchadienne : « Le Gouvernement de la République du Tchad exprime sa vive préoccupation suite aux propos tenus récemment par le Président de la République française, Emmanuel Macron, qui reflètent une attitude méprisante à l'égard de l'Afrique et des Africains ... les dirigeants français doivent apprendre à respecter le peuple africain... le rôle déterminant de l'Afrique et du Tchad dans la libération de la France lors des deux guerres mondiales que la France n'a jamais véritablement reconnu ainsi que les sacrifices consentis par les soldats africains. »
La France s’est engagée militairement au Sahel pendant une décennie pour lutter contre les djihadistes liés à al-Qaida ou au groupe État islamique (opérations Serval puis Barkhane). Mais elle a été contrainte d’évacuer ses troupes du Mali, du Burkina Faso et du Niger entre 2022 et 2023, après l’arrivée au pouvoir dans ces trois pays de juntes militaires qui se sont rapprochées de la Russie. Fin décembre, un premier contingent de soldats français a également quitté le Tchad, qui a formulé une demande similaire fin novembre, tout comme le Sénégal, confirmant une réorganisation du dispositif français.
Emmanuel Macron a également estimé que l’Algérie se "déshonore" en ne libérant pas l’écrivain franco-algérien Boualem Sansal, arrêté à la mi-novembre à Alger.
PHOTO : Emmanuel Macron lors de son discours à la conférence des ambassadeurs, le 6 janvier 2025© JEANNE ACCORSINI/SIPA
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