
Un procès hors norme s’ouvre au Palais des congrès de Nancy ce lundi et jusqu’au 15 novembre. Quatre semaines d’audience, plus de 1 000 victimes, 850 parties civiles, 22 prévenus, 150 avocats et 28 millions de préjudices. Une gigantesque escroquerie en bande organisée.
L’arnaque remonte à 2016-2018, lorsque des escrocs basés en Israël ont monté un réseau bien huilé, visant à soutirer des sommes conséquentes à des particuliers et des institutions sportives. Tout commence par des sites internet. Ces derniers promettent des rendements extraordinaires sur des investissements en diamants ou en cryptomonnaies. Les victimes, séduites par des promesses alléchantes, se faisaient ensuite contacter par téléphone. C’est là que le piège se refermait. Les victimes pensaient acheter des diamants exceptionnels, qui étaient soi-disant stockés en sécurité. Mais au moment de récupérer leur argent, silence radio. Les numéros étaient coupés, les adresses e-mail désactivées et les sites internet disparaissaient. Certains ont réceptionné de faux diamants, d’une valeur bien moindre que ce qu’ils pensaient avoir acquis. Au total, près de 1 300 victimes ont été recensées pour un préjudice de 28 millions d’euros. La plus grande partie du préjudice était liée à la vente de diamants : 900 particuliers ont été escroqués via 14 sites internet frauduleux, pour un préjudice de 20,9 millions d’euros.
Le juge d'instruction : « Les sites étaient construits selon des maquettes tout à fait similaires en variant surtout la présentation des premières pages. Les formulaires de contact étaient quasiment identiques »
Guy Grandgirard, président de l’Association de défense des consommateurs de France : « Cette affaire illustre les dangers associés aux investissements en ligne infligeant d’importants préjudices à de nombreux épargnants … Depuis 2018, ces arnaques ont connu un accroissement considérable … actuellement plus de 3 500 dossiers, avec un préjudice dépassant 400 millions d’euros ».
L’autre volet de ces escroqueries concerne plusieurs clubs de foot professionnels et leurs sponsors. Trois clubs, Angers, Sochaux et Toulouse, ont été escroqués quand six autres (Brest, Dijon, Lorient, Marseille, Nantes et Rennes) et certains de leurs sponsors, ont subi des tentatives de fraude. Le mode opératoire était toujours le même : un malfaiteur appelait le club en se faisant passer pour l’agent ou un proche d’un des joueurs. Il expliquait que ce dernier avait changé de compte bancaire et envoyait un faux RIB dans l’objectif de détourner les salaires des footballeurs. Le club de Sochaux a ainsi procédé à un versement de quelque 17 000 euros, des fonds immédiatement transférés par les malfaiteurs vers des comptes maltais et bulgare. Le club de Toulouse a également versé 10 000 euros aux malfrats, et le SCO d’Angers plus de 35 000 euros, soit un préjudice total d’une soixantaine de milliers d’euros pour ces trois clubs qui évoluaient en Ligue 1 et Ligue 2. Six hommes de 38 à 59 ans sont poursuivis pour ces escroqueries et tentatives, mais trois le sont aussi pour le blanchiment des fonds en Israël et dans au moins douze pays d’Europe. Deux d’entre eux sont en fuite.
L'audience, se tiendra du 21 octobre au 15 novembre au centre des congrès de Nancy, aucune salle du palais de justice n'étant en capacité d'accueillir autant de parties prenantes. Lundi 21 octobre : Ouverture de l'audience à 15 heures, accueil dès 13 heures pour que les débats commencent à l'heure. Du 22 octobre au 5 novembre : Auditions et débats sur l'affaire, en commençant par les préjudices contre les clubs de football. Du 6 novembre au 8 novembre : Plaidoiries des parties civiles. Mardi 12 novembre : Réquisitions du ministère public (avocat général). Du 13 novembre au 15 novembre : Plaidoiries de la défense. Ce calendrier est susceptible de modifications en fonction de l'évolution des débats. Aucune date n'est fixée pour le jugement.
PHOTO : © CEDRIC JACQUOT / MAXPPP
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