Le président sud-coréen Yoon Suk-yeol est mis dos au mur, mercredi, après sa tentative ratée d'imposer la loi martiale. Les partis d'opposition au Parlement de Corée du Sud ont annoncé avoir déposé une motion de destitution contre le chef de l'État. Le parti au pouvoir lui demande, quant à lui, de "rendre des comptes".
La Corée du Sud a connu, dans la nuit du mardi 3 au mercredi 4 décembre, une crise politique inédite depuis plus de quarante ans. Pendant six heures, le pays a vécu au rythme de la loi martiale : dans un discours télévisé non annoncé tard dans la soirée de mardi, le président sud-coréen, dont la cote de popularité était déjà extrêmement faible, avait décrété la loi martiale mardi lors d'une allocution surprise, en accusant l'opposition de constituer des "forces hostiles à l'État". C'est notamment un conflit sur l'adoption de son budget au Parlement, où le camp présidentiel est minoritaire, qui a mis le feu aux poudres. Les députés décideront ultérieurement la date du vote de cette motion, qui pourrait intervenir dès vendredi, ont indiqué les six partis d’opposition lors d’une conférence de presse commune. Le principal parti d'opposition a exigé la démission de Yoon et menacé d'engager une procédure en destitution contre lui s'il ne la remettait pas immédiatement.
Yoon Suk Yeol, le président sud-coréen : « Il y a eu une demande de l'Assemblée nationale pour lever l'état d'urgence, et nous avons procédé au retrait des militaires qui avaient été déployés pour les opérations de loi martiale. Nous allons accéder à la requête de l'Assemblée nationale et lever la loi martiale lors d'une réunion du gouvernement »
Un homme à un groupe de policiers gardant les portes du parlement : « Ouvrez la porte, s'il vous plaît. Votre travail est de protéger l'Assemblée nationale. Pourquoi restez-vous les bras croisés pendant que des députés sont piétinés ?»
À l'annonce de l'instauration de la loi martiale, des hélicoptères de l'armée ont atterri sur le toit du parlement mais les députés ont pu se réunir en catastrophe pour adopter une résolution exigeant l'abrogation de la mesure. Des centaines de manifestants se sont parallèlement rassemblés devant le parlement pour exiger le retrait du texte et la démission de Yoon. L'imposition de la loi martiale, une première depuis plus de 40 ans dans le pays, impliquait la suspension de la vie politique ainsi que la fermeture du parlement et la mise sous contrôle des médias. Cette annonce a généré inquiétude et désapprobation dans le monde, notamment des États-Unis, principal allié de Séoul face à la Corée du Nord, et de la Chine.
La Confédération des syndicats coréenne, qui compte quelque 1,2 million de membres, a de son côté appelé à la "grève générale illimitée" jusqu'à la démission de Yoon Suk-yeol. L'intersyndicale estime que le dirigeant a "signé sa propre fin au pouvoir".
PHOTO : Le président de Corée du Sud, Yoon Suk Yeol, a déclaré la loi martiale à Séoul, le 3 décembre 2024. Handout / South Korean Presidential Office / AFP
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