
Au Sénégal, le gouvernement a annoncé le lancement d'un plan pour aider les déplacés de guerre en Casamance. Ces populations qui avaient fui il y a des dizaines d'années les zones de conflits opposant l'Etat sénégalais au Mouvement des forces démocratiques de la Casamance sont pour la plupart de retour sur leur terres, grâce aux actions de l'armée sénégalaise. Le premier ministre Ousmane Sonko a annoncé 22 mesures concernant la constructions d'infrastructures et des opérations de déminage.
Au Sénégal, 53,6 milliards de francs CFA – environ 81,7 millions d’euros – doivent être décaissés : 23 milliards d’ici la fin de l’année et 31 en 2025. Une enveloppe qui doit servir à financer la construction d’infrastructures de base – comme des forages pour avoir accès à l’eau, des écoles et des voies d’accès – et le retour des services de l’État qui avaient quitté certaines zones, en raison de l’insécurité. Le tout pour encourager le retour de quelques 6 000 personnes dans leurs villages d’origine.
Mor Fall, l’ONG Grdr Migration-Citoyenneté-Développement à Ziguinchor : « Il s'agit essentiellement d'infrastructures scolaires, sanitaires et d'accès à l'eau et à l'électricité mais aussi de routes qui permettent aux populations de pouvoir communiquer entre les villages ou elles reviennent et le reste de la Casamance et le reste du pays. Or, les besoins de base sont immenses. La Casamance a besoin d’une discrimination positive »
Youssouph Badji, le coordonnateur du projet de développement économique de la Casamance : « En ce qui concerne la pêche - aussi bien fluviale que maritime - par exemple, quand on met les fonds en face du potentiel de ce secteur, on constate qu'il y a énormément de choses à faire pour permettre aux populations de tirer un maximum de profit des opportunités qui se présentent à elles »
Parmi les mesures phares du plan, une somme de 10 milliards de francs CFA sera investie dans le déminage de la région, encore fortement impactée par la présence de mines disséminées lors des combats séparatistes des années 1990. Ces efforts visent à sécuriser les zones frontalières avec la Gambie et permettre le retour des familles déplacées. À ce jour, 197 villages ont déjà accueilli 5 655 familles, mais 33 villages restent encore désertés en raison de l’insécurité. Originaire de la région et ancien maire de Ziguinchor, Ousmane Sonko connaît bien les défis que doit surmonter la Casamance. En tant que Premier ministre, il est particulièrement engagé dans cette relance, qu’il espère voir aboutir avant les élections législatives anticipées prévues pour le 17 novembre 2024.
Sonko sait que la revitalisation de cette région, marquée par des années de conflit, est cruciale pour regagner la confiance des habitants et renforcer sa légitimité politique. Objectif, à terme : accroître les investissements sur l'ensemble du territoire de la Casamance, alors qu'ils se limitent pour l'heure aux zones les plus accessibles. Le projet sera, lui, piloter par l’Agence nationale pour la relance des activités économiques et sociales en Casamance, en lien avec les structures locales et décentralisées.
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